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08/11/2014

Chantier de débénabarisation/permis de construire

Cher monde cruel,

 

Reprise du chantier de débénabarisation du quotidien demain. Épisode 4.

Pourquoi 4 ?

Parce que le chantier s'élargit, et que le sieur Emanuel Campo joint ses pierres aux miennes depuis quelques jours. Vas-y faire un tour, et pendant que tu y es, lis tout son blog, ça vaut le coup.

C'est un poète de grande valeur, et il n'en faudrait pas beaucoup des comme ça pour qu'on ait une belle génération pour les Lagarde & Michard du XXIIè siècle.

 

 

04/11/2014

Pour une débénabarisation du quotidien 2

6) Ce n'est fait que de ça. De jours qui se suivent l'un après l'autre, qui s'emboîtent, qui se fatiguent, qui laissent le suivant faire mieux, qui toussent en lisant les nouvelles du jour. Moins vrais que ce qu'on nous promettait dans les livres d'histoires et le calendrier Maya.

 

7) Pourtant c'est comme ça que ça s'est fait pour Moïse, pour Alexandre le Grand, pour Saint Louis, pour Soliman, pour Mimar Sinan. Et pour mes ancêtres qui au milieu de tout ça avaient déjà honte de connaître que le patois.

 

8) Il y a eu cinquante mille ans de guerres, de commerces internationaux, de massacres spontanés, de modes artistiques, d'évolutions technologiques, de révolutions anthropologiques, de traités de paix et de trahison desdits, de campagnes de révisionnisme officiel, d'épopées dûment labellisées par les pouvoirs de toutes sortes, d'étouffement d'affaires gênantes et de déplacements de populations pour que j'en arrive à monter cette étagère Ikea, Mr B.

 

9) Et j'en suis toujours à prier l'esprit de ma fiche de paye pour lui regonfler si possible un orgueil à quatre chiffres avant la virgule, si vous voyez ce que je veux dire.

 

10) Ce n'est pas que j'aie grand-chose contre les mono- et polythéisme qui tiennent le haut du pavé occidental depuis quelques milliers d'années. Mais avouez qu'au temps de l'animisme, même ma fiche de paye mon arabica premier prix mon pyjama en soldes chez Emmaüs avaient droit à leur dose de dignité humaine.

 

11) Et pourquoi pas moi avec, pendant qu'on y était.

 

10/03/2014

Critique &

Cher Jibé Moinat,

 Je tenais à revenir sur la critique que tu as faite de mon bouquin sur le blog culturel Les Heures perdues.  

D'abord parce qu'elle est enthousiaste (merci à toi), mais surtout, parce qu'elle m'a fait réfléchir. 

Tu sais, Jibé (je me permets de t'appeler comme ça parce que j'ai l'impression qu'on a plus ou moins le même âge), j'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour les gens capables de dire toutes ces choses profondes sur LA poésie, LE poète, etc. Ce n'est pas mon cas. Je suis même une sorte de débile profond dès qu'il s'agit de théoriser ou de généraliser quoi que ce soit. Par exemple, j'ai du mal à me faire à l'idée de défendre à tout prix la poésie parce que c'est de la poésie. Si je n'étais pas parvenu à me sortir de la tête l'idée universitaire selon laquelle la modernié poétique bonnefoyjaccottienne serait le seul salut à notre absurde époque où le langage a abdiqué ses prétentions sur le moi, le monde et la réalité, eh bien, putain, je n'aurais pas écrit ce bouquin et on ne serait pas là, toi et moi, à causer. Je crois même que si j'étais resté dans le milieu universitaire (si j'avais, mettons, fait une thèse, préparé l'agrègue, etc), j'aurais complètement arrêté d'écrire.

Bien sûr que je défends ma forme d'expression, certes, d'abord parce que c'est la mienne (faut pas déconner), mais je ne me définirai jamais comme pur poète, et d'ailleurs, en tant que lecteur, je n'ai qu'un critère : toute oeuvre d'art, ingurgitée ou régurgitée, doit me permettre de vivre un jour de plus sans devenir dingue et sans que la merde gagne.

D'où, peut-êtren l'aspect "chronique" de ce que je fais.

Mais tu sais, Jibé, il y a pire que moi. Il faut que tu connaisses un mec qui s'appelle Simon Allonneau. A côté de lui, je fais du Saint-Jean, du Ezéchiel, du Lautréamont, tellement il bosse, lui, dans l'anecdote toute sèche.

J'en parle ici parce que c'est un des rares, ces dernières années,  qui m'ait influencé au point de remettre en question tout ce que je pensais de la poésie. Pour une raison bien simple : c'est le roi de la débénabarisation du quotidien — et moi, le quotidien, la trivialité, et comment y survivre, c'est justement ce qui me questionne le plus en ce moment, littérairement parlant.

Et à cet égard, permets-moi une remarque.

Pour reprendre l'expression du sieur Thélot que tu cites dans ton article, bien sûr que la "verbalisation de la vie, [le] passage de la vie dans la parole" me passionne, mais "passer sa vie à ne rien faire, à ne rien faire" qu'y travailler me paraît être une sorte d'utopie accessible seulement à quelques rentiers/chroniqueurs mondains/semi-universitaires à chaire moitié fictive. Et je n'ai a priori aucune envie de lire une littérature qui fait comme si le travail, la femme, les gosses, les papiers de l'assurance et les pannes de la cafetière n'existaient pas.

Ne serait-ce parce qu'écrire sert aussi à chercher comment survivre à tout ça.